Je cite souvent la première phrase de ce passage... Je ne me rappelais d'ailleurs pas que c'était Jérémie qui l'avait dite, et je la cherchais dans les psaumes, mais peu importe. L'Eglise nous donne ce passage de Jérémie 17, 5-10 pour la première lecture de la messe du deuxième jeudi de Carême, et j'ai donc été tout heureux de l'entendre ce matin !

Oui, le coeur de l'homme est compliqué et malade ! On s'en rend compte souvent, quand on se prend le chou sur des bêtises au lieu d'aller à l'essentiel : quelle est la valeur de mes actes dans le coeur de Dieu ? Est-ce finalement pour lui, ou pour mon petit amour-propre que je bosse ? Quels sont les fruits que je porte ?
Pour moi, c'est ultra concret : ça fait trois jours que j'essaie de taffer sur un p... d'exposé sur le mariage, et que je n'arrive à rien pondre. Ce foutu texte d'Ephésiens 5, 21-33 est d'une richesse telle que je reste sec, et le commentaire (20 pages !!!) de Jean-Paul II est d'une richesse telle que j'ai l'impression que je ne vais jamais m'en sortir. Je reste devant ma page Word blanche, commme un con, et ça ne marche pas. A première vue, le fruit de ces trois derniers jours est nul. J'ai perdu mon temps.
Et pourtant... le Seigneur ne voit-il pas l'effort que je fais ? Pourquoi ne vient-il pas m'aider ? C'est bien pour lui que je bosse, non ? C'est bien lui qui a inventé le mariage, c'est bien lui qui l'a fait si beau, c'est bien lui qui en a fait une manifestation si splendide du mystère de l'amour du Christ sauveur de son Eglise, non ? Alors pourquoi ne m'aide-t-il pas ? C'pas possible, ça, alors !!!? Qu'est-ce que tu fais, Seigneur, j'attends !
Oui, le coeur de l'homme, mon coeur, est compliqué et malade. Oui, le Seigneur a vu mon effort, et il a vu aussi que je le faisais pour ma pomme, obnubilé par l'idée que j'allais me planter tout seul comme un imbécile devant mon prof et devant mes frères, alors que ce n'est pas pour ça, en fait, que je travaille. Non, ma mission comme séminariste, c'est de travailler à l'avénement du Royaume de Dieu, ici, aujourd'hui, dans cette chambre 108 du Foyer de Charité de la Part-Dieu à Poissy. Le fruit que je porterai, je le porterai à la mesure de l'amour que je mettrai dans ce boulot, amour pour Jésus qui m'a tellement aimé qu'il s'est livré pour moi, afin de me rendre saint en me purifiant par le baptême, afin de me présenter glorieux, beau comme un dieu, afin que je sois saint et irréprochable, comme "il a aimé l'Eglise et s'est livré pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain d'eau qu'une parole accompagne, afin de se la présenter à lui-même glorieuse, sans tache ni ride, ni rien de tel, mais afin qu'elle soit sainte et irréprochable." (cf. Ephésiens 5, 25-27)
Tout ça, je ne l'avais pas vu, alors que je l'avais sous le nez depuis trois jours. Mon coeur est compliqué et malade. Mais il est sauvé. Je n'ai pas à spéculer sur le fruit que j'ai porté, que je porte ou que je porterai, ça c'est le taff du bon Dieu, il est le seul compétent en la matière. Pour moi, j'ai juste à bosser cet exposé pour lui, parce que c'est ce qui m'est demandé, et parce que c'est ma mission, là, tout de suite, maintenant. Le reste, on s'en fout. C'est pas mon boulot.
Alors, maintenant, au taff ! Merci Seigneur !