Hier, Mercredi des Cendres. Une flemme mortelle d'aller au match de foot qui nous réunit tous les mercredis après-midi pour une heure et demie de fraternité féroce où aucun cadeau n'est fait pour aller mettre ce f... ballon dans les cages des jaunes ou rouges d'en face (suivant qu'on est rouge ou jaune soi-même, s'entend !). Sportivement, fraternellement, charitablement même, mais en payant de sa personne !
Je lis Les Cavaliers de l'Apocalypse. Réponses à Messieurs Prieur et Mordillat de Jean-Marie Salamito : 150 pages d'un pamphlet délicieux, au lieu de me rendre au susdit match, puis, plein de repentance, je file rejoindre la bataille déjà commencée depuis une heure. Cinq minutes en arrière gauche, un de mes postes de prédilection, et je passe en gardien de but, où je suis aussi tout à fait heureux : cela me permet de crier sur mes coéquipiers essouflés pour leur expliquer comment ils devraient jouer, en restant peinard sans courir dans mes cages (et en prenant quelque fois des buts, évidemment toujours à cause d'une faute de la défense, cela va sans dire !).
Corner. Grosse frappe, et là tout va très vite : sortie du gardien au premier poteau, qui saute pour repousser du poing le ballon qui arrive haut et vite vers la tête des attaquants du deuxième poteau... mais aussi d'un attaquant du premier poteau qui fait 25 centimètres de moins que le gardien (et 25 kg de moins aussi) et qui saute lui aussi, désespérément. Le gardien ne le voit pas venir, il est bien plus haut et vient de dégager superbement le ballon. Percuté par la tête de l'attaquant au thorax, par surprise, il ne peut rien faire et retombe sans comprendre sur son pauvre adversaire, dont il écrase la cage thoracique de sa masse tandis que leur deux têtes se percutent au sol. Certains ont entendu un *CHTOC* sourd... le gardien se relève, l'attaquant essaie, immédiatement pris en charge par le gardien : il crache du sang, ce n'est pas très joli. A cet instant, le gardien a peur : du sang dans la bouche après s'être fait écraser au sol, ça veut dire quoi ? Un joueur, médecin, arrive et prend en charge. Le gardien réalise alors que son pouce gauche, en pleine récupération d'une précédente entorse, le lance violemment. Il retire son gant, constate que son doigt opposable* vient de prendre un volume inquiétant, et s'allonge : la tête tourne, il ne vaut mieux pas rester debout.
Deux minutes plus tard, l'autre étant pris en charge, on se tourne vers lui, pour lui annoncer qu'il saigne abondamment de la mâchoire. Il n'avait absolument pas réalisé.

Urgences pour les deux, emmenés par un troisième frère. Bilan : pour l'attaquant, lèvre inférieure ouverte, c'est tout. Ouf. Pour le gardien, nouvelle entorse au pouce gauche, sans fracture, et trois points de suture à la mâchoire qui a rencontré les dents de l'attaquant dans la chute (et quatre heures avec des infirmières et un médecin toutes plus charmantes les unes que les autres. Trop dur).

Bonne entrée en Carême, et faites du sport, c'est bon pour la santé ! (qu'ils disaient...) :)

*Vous remarquerez la recherche de synonyme pour ne pas dire "pouce" douze fois, certains oseraient dire que je me dégonfle... mon pouce pas, merci quand même :)