M. a passé un moment à m'expliquer que mes c...êtises, il n'y croyait vraiment plus, surtout depuis que... bref, M. a vécu ces derniers temps des événements particulièrement douloureux qui lui ont fait perdre le peu de foi reçue dans son enfance. Déjà que, quand je le retrouvais à la pause déc...jeûner tous les jours, il n'était pas franchement tendre avec les curés, et que, quand je lui avais annoncé mon entrée au séminaire, je m'étais pris l'une des plus belles engueulades de ma vie, mais là, faut pas lui en parler, de tout ça. Et je le comprends...
J'aime vraiment beaucoup M., et, je ne sais pas pourquoi, il me le rend bien. Même si je suis un apprenti cureton, ce qui, vraiment, de ma part, le dépasse totalement. Au point qu'il parle de temps en temps de moi à sa femme, alors qu'on ne s'était pas vus depuis... pu...rée, 5 ans déjà !

Bref, au moment où je dois partir, je passe par son bureau, qui est une brocante extraordinaire. Et là, je prends, sur une étagère, un petit truc qui m'intrigue, et je le lui montre en m'exclamant : "Oh, excellent, ce... !"
Et là, il me regarde, me le prend des mains, et me le remet en me disant : "Eh bien ! Tu sais quoi ? C'est à toi. Si."
Le plus fort, c'est que mon M. préféré s'est décarcassé pour retrouver le produit qu'il fallait pour le rendre brillant comme un sou neuf. Il n'a pas pu s'empêcher, toutefois, de dire, en frottant soigneusement l'objet : "Si on m'avait dit ce matin que, ce soir, je serais en train d'astiquer un ... à cause de toi, je n'y aurais pas cru !" Oui, M. fait quelque fois dans l'humour foireux, c'est pour ça - aussi - que je l'aime bien.

Résultat, je lui ai dit que je le poserais sur ma table de nuit, et que chaque fois que je le verrais, j'aurais une pensée pour lui. Il a répondu simplement : "Oh ben m...zut, si j'avais su ! Je suis dans la m...élasse maintenant !" Sacré M. ! Il ne croit pas si bien dire... car maintenant, c'est avec moi que vous pourrez prier pour M., en admirant l'objet dont je parle depuis le début :


c'est une croix d'autel fabriquée par un "poilu" de la guerre de 14-18. Le socle est fait d'une pointe d'obus allemand (en-dessous, on voit encore l'emplacement de la fusée qui n'a pas explosé), le tronc est fait de deux cartouches de Lebel, le fusil de guerre français de l'époque, et les trois branches sont faites de balles du même fusil.

Vous savez quoi ? M. est le genre de mec qui me fait croire en l'homme, et donc croire en Dieu. Mais chut ! Ne le lui dites pas, ça le mettrait en rogne ! :)