Les aventures d'un séminariste...

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Commentaires

1. Le samedi 4 septembre 2010 à 11:48, par Tradi95

Monsieur l'abbé,

Un adage catholique du Ve siècle dit "lex orandi, lex credendi" : la loi de la prière détermine la loi de la croyance. Ainsi, à liturgie clownesque, foi délabrée; à liturgie digne, foi solide.

Le concile Vatican II a fabriqué une liturgie nouvelle, dont on connait les fruits désastreux. A la messe traditionnelle, où le prêtre est réellement sacrificateur et tourné vers Dieu, où la dévotion et le recueillement sont palpables, le concile a substitué une messe horizontale, tournée vers l'homme, un simple banquet où il s'agit de "faire mémoire", où les génuflexions et les signes de croix sont diminués, où le "respect" de l'hostie consacrée (pas d'agenouillement à la consécration, distribution par les fidèles, communion dans la main) en dit long sur la foi des fidèles en la transsubstantiation...

La liturgie conditionnant la foi, liturgie et vocations sont liées, oui, c'est en effet une évidence. Les chiffres sont d'ailleurs là pour le prouver : tandis que le chiffre global des séminaristes connait une chute vertigineuse, un séminariste français sur quatre est formé pour la "forme extraordinaire" du rite romain, autrement dit la liturgie traditionnelle. Je vous laisse le soin de tirer la conclusion de ce signe de la Providence !

Tradi95

P.S. : La liturgie traditionnelle est présente dans notre diocèse. Monsieur l'abbé Augustin Cayla vient d'arriver dans le Val d'Oise, pour l'apostolat dans la « forme extraordinaire » du rite romain, qui aura lieu à Butry sous l'autorité du curé de Pontoise. La première messe aura lieu à Butry, dimanche 5 septembre 2010 à 10h, avec inscriptions des catéchismes, prise de contact etc.

Cher ami,
merci pour votre commentaire fort intéressant.

Je suis parfaitement d'accord avec votre premier paragraphe, auquel je souscris à 100% : comme beaucoup de séminaristes, diacres et prêtres, et aussi beaucoup de laïcs de notre génération, je suis désireux et autant que possible promoteur et acteur d'une liturgie (pas seulement la Sainte Messe) belle, digne, paisible et porteuse pour la prière de tous, pour que la grâce qui en résulte soit reçue par le plus grand nombre avec le plus de fruit !

En revanche, votre second paragraphe révèle de nombreuses confusions qui conduisent à des erreurs :
. le deuxième concile œcuménique du Vatican n'a pas fabriqué une "nouvelle" liturgie, elle a réformé la liturgie. Réforme organique, comme toutes les précédentes, même si elle réforme profondément. Allez lire le cérémonial des évêques, et vous verrez qu'on se réfère en permanence au Missel de 1962.
. la manière de célébrer doit être distinguée de ce qui est célébré d'une part, et de la forme de ce qui est célébré d'autre part : aujourd'hui comme hier, comme depuis le dernier repas du Christ avec ses disciples au soir de sa Passion, c'est le même sacrifice du Christ sur la Croix, pour le salut du monde, qui est actualisé (et non pas renouvelé : c'est le rite qui est renouvelé !). Le prêtre est et a toujours été "réellement sacrificateur" in persona Christi (et non pas en son nom propre : le sacrifice n'est pas renouvelé, il est actualisé, rendu présent par le sacrement). La réalité est exactement - exactement ! - la même dans les formes liturgiques d'avant et après Vatican II : la réforme ne touche pas à la réalité, mais à la forme dans laquelle elle est célébrée.
Quant à la manière de célébrer, je suis d'accord avec vous : on a beaucoup souffert et l'on souffre encore beaucoup de liturgies qui portent à ce que vous semblez prendre pour une généralité. C'est faux, ce n'est pas un raisonnement théologique mais affectif, qu'on a le droit de porter, mais il ne faut pas tout mélanger : impressions personnelles (fussent-elles largement partagées) et raisonnement théologique. Il se trouve que, personnellement, j'ai assisté à des messes tridentines célébrées à la virgule près du rituel... et complètement horizontales, pas recueillies, où rien n'était palpable si ce n'est la non-participation des laïcs et prêtres non célébrants au sacrifice auquel ils assistaient en pensant à autre chose (fût-ce de pieuses choses : dire le chapelet ou son bréviaire pendant la messe, c'est pour moi absolument renversant : pendant la messe, on est à la messe, on participe à la messe, on ne fait pas autre chose). Ça existe donc aussi, et j'en suis aussi malheureux que vous.
Il s'agit donc de retrouver une liturgie digne, belle, paisible, qui élève l'âme en passant par le corps. Ce n'est pas l'exclusivité de la forme extraordinaire du rite romain : soyons clairs, si notre Pape Benoît XVI a décidé d'écrire son dernier motu proprio, ce n'est pas pour que la forme extraordinaire (donc pas ordinaire, c'est dans le titre) supplante ou remplace la forme ordinaire (et donc habituelle, si !), c'est d'une part pour permettre à certains Chrétiens malheureusement plus attachés à une forme liturgique qu'à l'Église (avec des raisons que je comprends fort bien, que vous avez énoncées et que je partage (!!!), mais qui sont malheureusement inadéquates au plan théologique) d'y revenir, car c'est cela le plus important, et d'autre part pour que, dans la manière de célébrer, l'on revienne à une liturgie plus digne et riche de toutes ses dimensions. Car, il faut bien le reconnaître, l'Église a traversé une crise grave ces quarante dernières années... crise qui ne vient pas du concile Vatican II mais d'une crise sociale mondiale qui a éclaté après ce concile. Pour moi, c'est une raison forte de croire que ce concile est providentiel : il aurait été impossible de le réunir après 68 ! Remarquez enfin que les prêtres qui ont tout envoyé paître en 68 n'ont pas tous été ordonnés après 65. Attribuer tous les maux de notre époque au concile Vatican II et à la réforme liturgique est insensé.

La première phrase de votre troisième paragraphe est une évidence que j'ai moi-même énoncée. Nous sommes d'accord.
En revanche, la seconde phrase comporte une erreur de raisonnement : à part en mathématiques et ses applications, les chiffres ne prouvent rien. Les chiffres que vous n'avancez pas ne prouvent donc rien dans notre raisonnement, puisque nous sommes bien loin des mathématiques. Ils montrent que, pendant trente ans, beaucoup dans notre Église ont succombé aux sirènes d'un monde qui pense que les prêtres ne servent à rien. Ils montrent que notre pastorale des vocations a été pratiquement inexistante pendant trente ans. C'est un malheur et cela résulte sans aucun doute du péché de beaucoup, mais ce dernier point est jugé par Dieu seul, et tant mieux ! Il est plus miséricordieux que nous. Je suis très heureux que, dans certains milieux, y compris parfois hors de l'Église Catholique, on ait gardé cette conscience de la beauté et de la nécessité du sacerdoce, et qu'on l'ait présenté aux jeunes comme une possibilité, comme un idéal, comme un moyen d'être heureux et de rendre gloire à Dieu. Cela ne fait pas pour autant de simples chiffres un signe que le concile Vatican II est œuvre diabolique. Pour moi, c'est même le contraire : depuis quarante ans, beaucoup sont ceux qui, sans l'avoir même lu, se sont battus pour ou contre un certain "esprit du concile". Lisons-le, demandons au Saint-Esprit, qui seul conduit l'Église, y compris pendant les conciles... SURTOUT pendant les conciles, y compris le dernier ! Demandons au Saint-Esprit de mettre en notre cœur le désir de comprendre et de réaliser ce qui est écrit (et non pas imaginé) dans les textes de ce concile qu'il a suscité dans son Église.
On a mis plus d'un siècle pour mettre en œuvre le concile de Trente, réuni après une crise ! On n'en mettra sans doute pas moins pour mettre en œuvre le dernier, et la crise qui est survenue trois ans après n'est pas révolue. Il s'agit bien de foi : il s'agit de croire à, de croire en, de croire l'Église, une, sainte, catholique et apostolique. Ce sont les trois sens du fameux "Credo unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam".

Prions ensemble pour que la liturgie de l'Église soit célébrée dignement, selon les livres liturgiques et non pas selon les initiatives des uns ou des autres, qu'ils soient laïcs ou prêtres, dans la tradition de l'Église qui ne s'est pas arrêtée à la veille du concile Vatican II, mais qui continue depuis à se développer. Soyons réellement traditionnels, et non pas bêtement traditionnalistes d'une tradition étriquée, tronquée à une période de l'histoire de l'Église. Faisons confiance à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit : il a construit son Église, il la guide, et même "les portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle" (Matthieu 16,18). Je ne vois pas pourquoi la liturgie échapperait à cette loi et cette promesse divine.

Vianney.

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