Mes quelques neurones encore valides en cette période où la chaleur commence - déjà - à monter du côté de par-là-où-j'habite et où mes thèses de morale participent grandement à leur fatigue ont commencé à être titillés suite à plusieurs petits événements, dont je me contenterai de citer deux ici, parce que je ne vais tout de même pas vous raconter ma vie, non mais dites donc vous alors, de quoi je me mêle ?!

Le premier :
Naviguant - je m'en confesse - sur un site rapportant une multitude de petites mésaventures vécues par des individus les racontant toujours en commençant par l'évocation d'un jour précis et en finissant par trois lettres exprimant leur désappointement (je ne nommerai pas ce site, mais ceux qui le connaissent voient lequel, les autres n'ayant rien perdu - et surtout pas leur temps -, qu'ils soient rassurés), j'ai été frappé d'y lire un certain nombre d'histoires évoquant, soit une "relation" - peut-être devrait-on simplement parler de rapport, mais n'y étant pas (et heureusement !), je n'en jugerai pas - sexuelle où, très visiblement, le/la "partenaire" se servait de l'autre comme d'un simple objet de jouissance (ou même pas, d'ailleurs), soit une relation carrément et objectivement adultère, du style de celle-ci, que je paraphrase : "Tel jour, j'ai appris que l'homme avec qui je passe mon temps et mes nuits depuis six mois avait une maîtresse. Cette maîtresse, c'est moi, et c'est sa femme qui me l'a appris, ainsi que l'existence de leurs deux enfants. Zut alors, ça c'est ballot !" Certes. Ou encore celle où un type apprend, en lisant l'une de ces nombreuses petites histoires, qu'il est cocu... et l'écrit ! Il est des lectures plus agréables, sans doute.
La multiplication de ces récits - dont on se demande au passage comment tant de gens peuvent les raconter sur un site public, c'est-à-dire à tous et même à moi, alors qu'elles sont censées être tout à fait intimes - m'amènent à une petite réflexion...
Si, par extraordinaire et récession (= contraire de "progrès" *ironique*), l'on n'avait habituellement plus de relations sexuelles avant le mariage, et que cela était perçu par tous comme étant une chose mauvaise PARCE QUE dissociant un engagement réel des deux personnes et cette relation même (remarquez que je ne parle pas de péché, de religion, de retour à l'ordre moral, mais simplement de quelque chose d'accessible à tous en raison, indépendamment des convictions religieuses ou des valeurs de chacun), ce genre de mésaventures, que ce soit les adultères ou les utilisations de l'autre comme objet sexuel, auraient sans doute beaucoup moins bien lieu*, et l'on éviterait ainsi de nombreuses blessures profondes : personne, absolument personne, n'aime être utilisé comme objet sexuel, pas plus que d'être trompé par la personne qu'il aime et avec qui il s'est engagé, de quelque manière que ce soit, sur un chemin de vie commune.
Faut-il le démontrer ? N'est-ce pas évident ? Allez, juste comme piste : sur ce site, il y a plusieurs catégories, dont deux : "sexe" et "amour". Je prends donc acte que sexe et amour ne sont pas liés. Ça pose un tout petit peu question, non ?
Dans les commentaires, deux réactions : "bien fait pour ta gueule !", ce qui, en plus de n'être pas très gentil, dénote rien moins qu'un certain manque - ou un manque certain - de miséricorde (désolé pour les grands mots), ou bien "mon/ma pauvre, comme tu dois être malheureux/ malheureuse !", et on le comprend bien. En revanche, si quelqu'un ose dire : "mon/ma pauvre, tu dois être bien malheureux, mais il faut reconnaître qu'objectivement tes actes ont pour conséquences inévitables tes déboires, et que tu l'as donc un peu cherché, non ?", figurez-vous qu'on aura comme réaction unanime : "ON NE JUGE PAS !", et si l'on pose la question de pourquoi, on se verra répondre que c'est mal, ce qui est d'ailleurs un jugement. Incohérent ? Mmmmmmh ? Je ne juge pas. En fait, si.
Bref : on a donc le droit de coucher avec n'importe qui n'importe où, et même de le raconter sur un site public et donc au monde entier. Moi je veux bien, mais pourquoi, alors, ô grands dieux, pourquoi n'aurait-on pas le droit de NE PAS coucher avec quelqu'un d'autre que son épouse, ou même de NE PAS coucher DU TOUT ? Hein ? Pourquoi ? Parce que c'est mal ? Je croyais qu'on n'avait pas le droit de juger, que chacun faisait ce qu'il voulait ? Faudrait savoir...
Si d'aucuns me répliquaient que, psychologiquement, certains éléments pourraient laisser penser qu'avoir une vie sexuelle équilibrée peut aider à avoir une vie saine, je leur répondrais deux choses : d'une part, que je ne connais pas tant de monde que ça ayant une vie sexuelle équilibrée, y compris dans le mariage, et j'en suis profondément malheureux pour eux, et qu'il existe une différence essentielle entre vie sexuelle et activité génitale : j'ai une vie sexuelle, parce que je suis un être sexué, mais je n'ai pas d'activité génitale ; d'autre part, qu'il est quand même massivement montré en psychologie que le vagabondage sexuel apporte pas mal de maux et fort peu de bien-être, et je ne parle ici que des adultes consentants, et pas des non-adultes a fortiori non-consentants, ni des enfants desdits adultes consentants.
D'autres questions ?

Le deuxième :
Je tombe sur une news annonçant que F.R., grand (?) joueur de foot français, pourrait être inculpé pour demande de relation sexuelle à une prostituée mineure. Haaaan, c'est mal ! Oui, je suis d'accord... Euh... POURQUOI est-ce mal, s'il-vous-plaît ? Le joueur explique qu'il a effectivement demandé cela à cette demoiselle, connaissant son état de prostituée, mais qu'il ne savait pas qu'elle était mineure. Ah ! D'accord. Donc, c'est mal parce que cette demoiselle d'apparence plutôt mûre n'avait pas 18 ans. C'est-à-dire qu'elle avait peut-être 17 ans et 363 jours. C'est-à-dire que s'il avait demandé exactement la même chose à la même demoiselle prostituée deux jours plus tard, c'était bien, vas-y mon grand !
C'est fou ce que deux jours peuvent avoir une si grande importance en matière de droit, dites donc !**
C'est fou aussi ce qu'un jugement juridique (s'il a lieu) peut influer sur un jugement moral (même bien planqué derrière la loi, quand on dit "c'est mal !", c'est différent de quand on dit : "c'est illégal !") !
Là-dessus, je me rappelle, en vrac, les déclarations d'un ancien soixante-huitard toujours rouquin à propos d'enfants jouant avec une partie de ses vêtements que la décence m'interdit de nommer mais qui permet d'ouvrir et de fermer son jean et les accusations d'un de ces adversaires - dénoncées sur un ton tragique et reprises dans la presse comme absolument ridicules et négligeables parce que c'était il y a quarante ans au moins  -, ou bien les révélations d'un actuel ministre de la culture de la République Française à propos de sa pratique - ancienne - du tourisme sexuel avec de jeunes gens dont l'âge n'est pas trop précisé, ou bien encore l'affaire d'un cinéaste renommé accusé et condamné pour une ridicule affaire de moeurs - ancienne - avec une petite jeune fille... Allons allons... Ce sont des hommes vigoureux, voilà tout, rien de grave ! Et puis ils n'ont pas fait voeu de chasteté, hein !
Je ne sais pas s'il y a prescription en droit européen ou dans les droits nationaux des pays occidentaux pour les crimes pédophiles. Le haro sur les prêtres coupables de crimes pédophiles, parfois il y a fort longtemps, semble montrer que non. Mais alors ? Deux poids, deux mesures ? Et le Pape et les milliers de prêtres - l'immense majorité ! - qui sont innocents, et qui pourtant font oeuvre de justice en faisant ce qu'ils ont à faire, à savoir faire la vérité dans ces affaires horribles, de quoi sont-ils coupables ? Et la présomption d'innocence, ce n'est plus dans le droit chez nous ?
Soyons sérieux deux minutes : toute personne naviguant un peu sur Internet sans un minimum de protection technique, toute personne se rendant au relais presse le plus proche de chez soi, toute personne se balladant dans la rue et regardant les publicités visibles par tous, y compris nos enfants, tous ceux qui me lisent savent que nous vivons dans une société hyper-érotisée, où l'on ne peut pas faire deux pas sans se prendre dans les yeux et le coeur des images rappelant ou suggérant l'acte sexuel et faisant des femmes - plus rarement des hommes - des objets sexuels. Il n'existe pas de bon blindage contre cela : le seul qui existe, c'est d'en prendre l'habitude, c'est-à-dire de laisser peu à peu cette mentalité où toute personne, homme ou femme, est, par le fait même qu'elle existe, quel que soit son âge, une personne possiblement soumise à mon appétit sexuel (et je ne parle pas des autres appétits de domination, souvent associés à celui-ci). Et alors je ne vois pas pourquoi, à part à cause d'une loi vécue et jugée aujourd'hui comme purement positive, c'est-à-dire purement arbitraire, je m'abstiendrais de désirer un ou une enfant. Et, si mon désir doit immédiatement être assouvi - en paroles ou en actes, mais les paroles sont déjà des actes (les pensées aussi d'ailleurs) - comme cela nous est seriné partout, sur tous les modes et tous les tons, je ne vois pas pourquoi je ne passerais pas à l'acte, quel qu'il soit. (Dois-je préciser que, dans les deux dernières phrases, quand je dis "je", je signifie "Monsieur et Madame tout le monde" ? Je le fais, on ne sait jamais aujourd'hui !)
Si vous en doutez encore, relisez mon premier point.


Conclusion ?
Elle est dans le titre ! Ceux qui prônent une prétendue "liberté" sexuelle, de fil en aiguille, sont responsables (souvent totalement inconscients) d'un certain nombre de passages à l'acte pédophile***. Pas de tous, bien sûr, mais d'un certain nombre : cette "liberté" est prônée depuis deux siècles tout à fait officiellement, au moins en France : elle est dans notre devise, rappelez-vous, et le sens n'en diffère pas beaucoup !
Alors, cessons l'hypocrisie :
Qui, depuis toujours, défend contre vents et marées les plus petits, les plus faibles, ceux qui se sont rendus vulnérables en se donnant corps et âmes à leur époux ou à leur épouse, ceux qui décident de ne pas faire tout et n'importe quoi au détriment du plus faible ?
Qui, depuis toujours, apporte son réconfort à ceux dont l'honneur, dont l'intégrité personnelle, dont le corps et l'âme ont été blessés ou brisés ?
Qui, depuis toujours, apporte la miséricorde ET LA JUSTICE, car il n'est pas de miséricorde sans justice, à ceux qui ont fauté gravement et blessé ou brisé leur prochain, parfois à vie ?

Alors, sérieusement, regardons les choses en face : qui est responsable de tant de crimes ?
D'abord, ceux qui les ont fait. Cette responsabilité peut être atténuée dans certaines circonstances, mais elle n'en reste pas moins personnelle. Ensuite, ceux qui ont, par lesdites circonstances, encouragé ou même seulement permis ces crimes, directement ou indirectement.
Nul autre. Certainement pas Dieu, certainement pas l'Eglise, certainement pas le Pape.

Permettez-moi de finir sur une supplication : Lâchez-nous les baskets ! Nous ne sommes pas des affreux criminels parce que nous choisissons de nous donner totalement à Dieu, par amour pour lui et pour vous ! Je répète : par amour pour vous !
Ne condamnez pas tout de suite ce que vous ne comprenez pas, peut-être même ce que vous ne pouvez pas actuellement comprendre ! Ne pas avoir de relations sexuelles n'est pas un crime, c'est le contraire qui peut en être un, et bien plus souvent que ce que notre société nous dit ! Ayez pitié des innocents ! De TOUS les innocents !
Autrement, vous acceptez de faire partie des loups qui tuent, blessent, mutilent, excluent des innocents. Et c'est mal. Si. Nous serons jugés pour cela. Tous.


*même si elles ne disparaîtraient pas, je le sais bien, je ne crois pas être un naïf, pas plus qu'un imbécile idéologue, malgré ce que certains veulent essayer de montrer ! Merci.
** ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : le droit DOIT définir des limites qui DOIVENT être respectées sous peine de sanctions adaptées, mais cela n'est pas suffisant pour parler de bien ou de mal moral.
*** je parle de passages à l'acte, je ne parle pas de la tendance : ça, je ne suis pas compétent pour dire qui en est responsable ; si même il y a toujours responsabilité. Je laisse ça aux médecins et aux psychiatres compétents.