Avant-hier soir, fête du séminaire. J'ai tenu à rester là-bas jusque là, pour pouvoir dire au-revoir à tout le monde et participer une dernière fois à un "événement" avant de partir. Mes chers frères séminaristes, mes chers pères du séminaire, mes chers professeurs, mes chères soeurs étudiantes et les autres personnes présentes ont donc pu m'entendre une dernière fois, pour un petit sketch très spirituel, avec trois autres compères, dont je vous laisse le script :

INTERMÈDE POUÊTIQUE


Pendant ma retraite diaconale, j’ai fait plusieurs fois la rencontre avec un personnage qui… m’a touché. Grandes, belles rencontres qui me laissent des souvenirs émus, qui m’ont marqué à jamais.
Aussi, dans un moment de nostalgie, laissant mon cœur s’épancher sur la feuille mouillée de larmes, j’ai couché sur le papier un sonnet en dokéda… docadé… en alexandrins, que je vous laisse en héritage.
Voici :

Dès l’aurore, il est là, fier coursier qui s’avance,
Centaure, cavalier, lui-même est sa monture,
Cuirassé, jour et nuit, toujours prêt, en armure,
Tout terrain qu’il arpente, il s’en joue en puissance.

Tandis que son œil clair, toujours droit vers le ciel,
Dans l’azur infini veut tracer son destin,
D’un pied sûr et certain, il se fait son chemin,
Sillage reluisant quand survient l’arc-en-ciel.

Quand, au petit matin, la pluie s’est arrêtée,
En patrouille il s’en va, piétinant le gravier.
Trois par trois, cinq par cinq, dix par dix… qu'il est beau !

Qui penserait qu’au soir – funeste destinée ! –
Par un plus fort que lui il serait écrasé ?
Dans sa gloire, en plein ciel, élevons : l'ESCARGOT !

Et un petit panneau pour conclure :)



Enveloppés dans des draps en guise de toges de poètes à l'antique (Homère, pardon !) et avec un bob jaune "Opera Romana Pellegrinaggi" ridicule sur la tête (mais oui, ceux que portaient environ 15000 prêtres le jour de la Solennité du Sacré Coeur sur la place Saint-Pierre à Rome, exactement !), nous déclamâmes et nous rigolâmes bien.
Le drap me servit, pour les adieux déchirants (ceux de Fontainebleau, à côté, c'était de la gnognotte !), à agiter un "mouchoir" à la fenêtre de la voiture qui me ramenait, tout en essuyant mes larmes et me mouchant à torrents dedans. Moi, ça me fait rire. Si.

Le lendemain matin, je prenais la route, dans mon bolide chargé ras-la-gueule de cartons et autres bêtises qu'on s'obstine à garder quand on quitte le séminaire (par exemple mes cours... alors que tout le monde sait bien que... ah ben si, en fait, je risque d'en relire certains !) et qui, pour l'occasion, ne faisait pas le fier sur sa suspension arrière quelque peu écrasée. Encore quelques adieux, sans mouchoir cette fois-ci, mais avec mes lunettes de soleil pour cacher mes yeux rouges. *

~*~*~


Avec le départ du séminaire, une page se tourne : dimanche, vers 16h30 environ, je ne serai plus séminariste, mais diacre, par l'imposition des mains de mon évêque et la puissance du Saint-Esprit.
C'est la fin d'une période de ma vie, même si je suis encore en formation puisque je me prépare à être ordonné prêtre l'année prochaine.
C'est le début d'une nouvelle période de ma vie : celle de ministre ordonné, configuré au Christ Serviteur avant d'être configuré au Christ Prêtre. Une vie en paroisse pour au moins quatre ans. La "vraie" vie, celle où tu te donnes à 100%. Non pas que, jusque là, tu ne te sois pas donné, mais enfin, demandez à ceux qui se marient la différence qu'il y a "avant" et "après". Avant, on aime déjà, on vit déjà de belles choses, mais après, on s'est engagé pour la vie, on a reçu la grâce pour le vivre, et on aime d'autant plus librement, et on se donne d'autant plus librement que l'engagement est pris, le choix est posé, définitif.

Ce sera aussi la fin de ce blog, puisque son titre ne convient pas à mes nouvelles aventures. Peut-être y en aura-t-il un nouveau, peut-être pas. Je ne sais pas encore, et cela dépendra notamment du temps que me laissera mon nouveau ministère.

Que de belles choses vécues pendant ces six dernières années, et que de choses encore à découvrir dans les années qui viennent ! Deo gratias !
Je me confie bien humblement à vos prières, particulièrement dimanche. Nous avons répété ce matin, c'était déjà très émouvant... qu'est-ce que ce sera après-demain !!! Deo gratias !


* J'exagère, j'avoue, mais quand même... Ça fait quelque chose de quitter un lieu où l'on a souff vécu pendant cinq ans !