Voici, tout de même, les deux lectures commentées dans cette homélie, c'est-à-dire la première et celle de l'Evangile :
Lecture du premier livre de Samuel :
Samuel couchait dans le temple du Seigneur, où se trouvait l'arche de Dieu. Le Seigneur appela Samuel, qui répondit : « Me voici ! » Il courut vers le prêtre Éli, et il dit : « Tu m'as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je ne t'ai pas appelé. Retourne te coucher. » L'enfant alla se coucher.
De nouveau, le Seigneur appela Samuel. Et Samuel se leva. Il alla auprès d'Éli, et il dit : « Tu m'as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je ne t'ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. »
Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée.
Une troisième fois, le Seigneur appela Samuel. Celui-ci se leva. Il alla auprès d'Éli, et il dit : « Tu m'as appelé, me voici. » Alors Éli comprit que c'était le Seigneur qui appelait l'enfant, et il lui dit : « Retourne te coucher, et si l'on t'appelle, tu diras : 'Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.' » Samuel retourna se coucher.
Le Seigneur vint se placer près de lui et il appela comme les autres fois : « Samuel ! Samuel ! » et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute. »
Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet.
Lecture de l'Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean :
Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l'Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu'ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi (c'est-à-dire : Maître), où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils l'accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C'était vers quatre heures du soir.
André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ).
André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t'appelleras Képha » (ce qui veut dire : pierre).
Pour retrouver les deux autres textes, j'espère que l'on ne m'en voudra pas si je ne laisse ici qu'un lien pour aller soi-même les retrouver : http://services.liturgiecatholique.fr/bible/.

Et voici le texte de mon homélie :
Mes bien chers frères et soeurs dans le Christ,

Dimanche dernier, nous célébrions le baptême de notre Seigneur Jésus, et avec cette belle fête commençait pour nous ce que nous appelons le temps ordinaire, le temps de l’Église. Le temps où l’Esprit Saint conduit, construit son Église, fondée sur le Christ.
Et, déjà, cette première semaine du temps ordinaire, l’Église nous a proposé, lundi et hier samedi, deux récits d’appels : le Christ appelle quatre disciples au bord du lac de Tibériade, et un autre à son bureau de percepteur d’impôts.
Ce dimanche encore, deux récits d’appels : le jeune Samuel, tiré de son sommeil par un appel insistant, et un autre, où l’appel est peut-être moins évident.

Pourtant, trois points communs à ces deux lectures attirent notre attention : la disponibilité de l’appelé, la nécessité d’un intermédiaire pour que cet appel soit entendu, et le but de l’appel.

Regardons Samuel : il dort, et voici qu’il entend un appel, qui, par trois fois, le réveille. Par trois fois, il se lève et répond à cet appel : « Me voici ». Les renvois d’Eli ne le découragent pas, son sommeil n’a pas fermé ses oreilles et son coeur : on l’appelle, il répond. Il ne sait peut-être pas encore comment, ou à qui répondre, mais il garde un coeur disponible à l’appel qui se fait entendre.
Les deux disciples de Jean-Baptiste témoignent aussi de cette disponibilité, de cette écoute : « Voici l’Agneau de Dieu », parole bien énigmatique ! Et pourtant, ils répondent : ils suivent Jésus sur la parole de Jean, qui a témoigné, dans les versets précédant notre lecture de ce jour, qu’il a vu l’Esprit Saint descendre et demeurer au-dessus de ce Jésus quand il l’a baptisé.
Et quand, à leur question : « Où demeures-tu ? », Jésus leur répond : « Venez, et vous verrez », ils viennent. Serions-nous venus à cette proposition d’un inconnu ? Si quelqu’un nous réveillait par trois fois, répondrions-nous « Me voici » ?

Cette disponibilité de Samuel, cette disponibilité des deux disciples n’auraient pourtant pas suffi, à elle seule, pour une réponse adéquate. Samuel entend une voix, il répond, mais il ne sait pas qui lui parle et il se trompe d’interlocuteur. Les disciples de Jean attendent la venue d’un Messie, mais ils ne savent pas qui il est.
« Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et le parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée ». Il faudra qu’Eli, lui aussi dérangé dans son sommeil et témoignant lui aussi d’une belle disponibilité, comprenne que c’est le Seigneur qui appelle Samuel, et lui indique qui lui parle et la bonne réponse à donner : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute », pour que Samuel réponde justement.
Et il faudra que Jean indique Jésus à ses disciples pour que ceux-ci le suivent et découvrent qu’il est le Messie.
On peut tirer deux leçons bien concrètes à cela : tout d’abord, que Dieu nous parle, certes, mais qu’il a recours à des médiations, à des intermédiaires pour nous parler. La plupart d’entre nous n’avons jamais entendu de voix dans notre sommeil, et aucun d’entre nous, je crois, n’a jamais croisé Jésus au bord du Jourdain. Nous avons tous à faire confiance à l’Église, à des personnes envoyées par Dieu pour nous indiquer qui nous appelle, et comment lui répondre.
Et la deuxième leçon, c’est que peut-être nous-mêmes serons appelés à être intermédiaires pour d’autres. L’Église a la mission, nous avons cette mission d’indiquer Jésus à nos frères, nous qui le connaissons déjà : « Voici l’Agneau de Dieu », « nous avons trouvé le Messie, le Christ, le Sauveur ». Et comment nos contemporains sauront-ils que l’Écriture est Parole de Dieu pour eux aujourd’hui si nous ne leur disons pas ?

Disponibilité du coeur, nécessité d’intermédiaires pour reconnaître cet appel et pour y répondre.
Mais dans quel but ? Pourquoi Dieu nous appelle-t-il ?
Réécoutons : « Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui ». « Maître, où demeures-tu ? – Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui ».
Voilà à quoi nous invite cet appel : demeurer auprès du Seigneur. Nous avons tous des vocations particulières, chacun est appelé à tenir sa place dans l’Église et dans le monde, qui comme prêtre, qui comme consacré, d’autres appelés à fonder une famille et à élever des enfants… au-delà de ces vocations si diverses, un seul appel : demeurer avec Dieu. Rester auprès de lui. Garder son coeur ouvert à son appel, aujourd’hui, cette nuit peut-être. Être attentif aux moyens qu’il prend, aux personnes qu’il met sur notre route pour nous aider à y répondre. Demeurer auprès de lui.
Et les lectures de ce jour nous montre que cette attitude de notre part est d’abord celle de Dieu : « Le jeune Samuel couchait dans le Temple de Dieu, où se trouvait l’arche de Dieu ». Il ne connaissait pas encore Dieu, mais Dieu était déjà là, auprès de lui, et il ne le savait pas. Et, à la fin de ce passage, nous entendons : « Dieu était avec lui ». Oui, il a répondu, mais c’est encore Dieu qui a l’initiative.
Et Jésus, quand il pose son regard sur Simon : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képha, Pierre ». Jésus connaît déjà Simon, il le nomme du nom reçu de son père. Il le connaît même plus encore, puisqu’il lui donne un nouveau nom. Jésus était déjà auprès de lui, et Simon-Pierre ne le savait pas.

« Mane nobiscum, Domine », « Demeure avec nous, Seigneur ». Tel est la première phrase de la dernière lettre apostolique de Jean-Paul II, en octobre 2004, ouvrant l’année de l’Eucharistie.
Jésus est parmi nous, là, dans le Saint Sacrement de l’autel. Il vient parmi nous, il est déjà là, il nous appelle.
Entendrons-nous son appel ? Verrons-nous dans l’Église, dans ses sacrements, dans l’Eucharistie que nous allons célébrer maintenant, les moyens que Dieu nous donne pour le reconnaître et le suivre ?
« "Maître, où demeures-tu ? - Venez, et voyez". Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils demeurèrent avec lui ce jour-là. »